Ciné-concert sur le film « Le Vent » de Victor Sjöström (1928, USA, 78 min), 2013
pour violoncelle et Saxophone(s) amplifiés et électronique
durée : 75 minutes
Commande d’État.
Électronique réalisée dans les studios du GRM, Groupe de Recherches Musicales.
Dossier à télécharger
Tourné aux États-Unis en 1928 dans des conditions difficiles dans le désert de Mojave, ce mélodrame dur et brillant est une œuvre clé et incontestée du film muet. Il décrit la relation entre l’homme et la nature, s’agissant d’un drame en milieu rural d’une beauté extraordinaire et d’un bouleversant souffle lyrique.
Extrait du comentaire
« Gilles Deleuze fait de ce film le prototype du film d’action se refusant à y voir un film naturaliste car, dit-il, le monde originaire – le vent qui ne cesse de souffler sur la plaine – est actualisé dans un espace déterminé : la plaine américaine. L’histoire selon Deleuze : Une jeune fille venue du sud arrive dans ce pays, dont elle n’a pas l’habitude, et se trouve prise dans une série de duels, duel physique avec le milieu, duel psychologique avec la famille hostile qui la reçoit, duel sentimental avec le rude cow-boy qui en est amoureux, duel corps à corps avec le marchand de bestiaux qui veut la violer. Ayant tué le marchand, elle cherche désespérément à l’ensevelir dans le sable, mais le vent, chaque fois découvre le cadavre. C’est le moment où le milieu lui lance le défi le plus fort, et où elle atteint au fond du duel. Commence alors la réconciliation.
Dans ce récit entre mélodrame et western fantastique, le vent devient un allié qui permet à la jeune femme de devenir sûre d’elle et de faire front.
À l’apogée du muet où la maîtrise du récit cinématographique est totale : variété des cadrages, surimpressions, caméra subjective, accélération du rythme, tout y est. Les plans larges isolent les personnages dans un environnement hostile, les plans rapprochés voient les vêtements virevolter frénétiquement, sans cesse la lutte est présente. Pour moi il n’y avait pas de doute, en regardant le film, des idées fortes sonores et musicales me sont apparues. De même, les plans d’un cheval blanc qui rue avec la tempête, ou se mêlant au visage épouvanté de la jeune fille, Lilian Gish, sont empreints d’une poésie et d’un onirisme qui répondent parfaitement à la légende indienne expliquant les tornades par un cheval fantôme qui vit dans les nuages. »
Presse
Ce satan de cheval qui vit dans les nuages !
La partition de Carlos Grätzer a la finesse de la dentelle. Il sait donner une couleur à chaque scène, voire chaque image. La musique ici n’est ni un accompagnement ni une fioriture gratuite. Elle n’habille pas, elle prend à bras-le-corps la vie des personnages. Le dialogue entre le violoncelle d’Ingrid Schoenlaub qui épouse la féminité et le saxophone de Stéphane Sordet, le côté masculin, est tout simplement magique. Mais c’est à deux qu’ils symbolisent l’élément naturel contre lequel personne ne peut lutter et qui rend les femmes folles.
Quelle polyphonie ! Le vent, le sable, hier, demain, toujours… Donnez-nous encore d’autres ciné-concerts, s’il vous plaît. Pour nous faire rêver.
Ouest- France 10 novembre 2014
Extraits Video :
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Extrait audio :
Ensemble Sillages : Stéphane Sordet sax, Ingrid Schoenlaub vc.